
Patrick est dépressif. Depuis quelques semaines, il marche le dos courbé, les yeux rivés au sol et la mine sombre. Il semble crouler sous le poids de son malheur.
Un jour, il se confie à sa sœur et son meilleur ami : il n'en peut plus, il souhaite en finir. Tous deux sont complètement sonnés par cette macabre confidence. Bien entendu, ils ne savent pas quoi en faire. Comment l'aider ? Comment l'en dissuader ?
Une semaine plus tard, Patrick va mieux. Il a repris du poil de la bête. Il semble apaisé et en est même jovial. Son entourage ne comprend pas ce changement, mais il est tout au moins rassuré. Patrick décidera même de recevoir quelques proches chez lui. C'est un dimanche ensoleillé. Tout le monde est ravi.
Pourtant, lundi soir, Patrick est retrouvé pendu dans son garage. La corde n'a pas cédé, personne n'a pu intervenir ; Patrick est décédé. Pourquoi ?
Lorsqu'il s'agit de risque suicidaire, il est un signe d'alerte paradoxal qui gagne à être connu de tous : un mieux brutal et inexpliqué.
Au moment du mieux, Patrick avait en réalité pris la ferme résolution de se tuer en décidant du moyen et de la date. Au niveau psychologique, il était passé des idées suicidaires à une planification millimétrée de l'acte suicidaire.
Convaincu d'avoir enfin trouvé LA solution à son désespoir, LA solution pour mettre fin à son calvaire, les importantes tensions psychiques ressenties jusqu'ici ont été brièvement levées. Aussi, Patrick a sûrement regagné suffisamment d'énergie pour régler les derniers détails de son plan : ranger sa maison, mettre de l'ordre dans ses papiers, etc. L'envie de faciliter les démarches de ses proches suite à son départ ? L'envie de ne pas être jugé négativement alors même qu'il ne serait plus là ?
Une question demeure, pourquoi recevoir ses proches dans ces conditions ? Eh bien, peut-être que décider de mourir a permis à Patrick de décider de profiter de la vie. Du si peu de vie qu'il a avait décidé qu'il lui restait. La psychologie humaine est décidément étonnante !
En effet, en recevant ses proches, Patrick a peut-être souhaité expérimenter un dernier moment de joie sincère. Et puis, il a pu vouloir dire "merci pour tout", "merci quand même" et in fine "au revoir".
Amis, famille, soyez vigilants. Si vous vous reconnaissez dans cette fiction, n'hésitez pas à questionner franchement tout mieux qui vous semble inexpliqué. Aussi, ne restez pas seuls avec ce type de confidences sordides. C'est un fardeau qu'il est bon ton de ne pas "porter" seul.
Un numéro national de prévention du suicide dédié à tous (personnes en souffrance, entourage, professionnels) : 3114 (disponible 24h/24 et 7j/7).
< Article rédigé le 16/05/24, publié le 14/06/24>
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