
Depuis maintenant trois ans, Rony travaille au sein de l’association « Les Mains Ouvertes » en tant que chargé de mission. La vocation de cette structure est d’apporter aide et soutien aux personnes sans-abri. Depuis son jeune âge, Rony nourrissait le désir d’œuvrer à une société plus juste. Après un cursus de deux ans dans le secteur sanitaire et social, il poursuivit par une licence professionnelle en « solidarité internationale et développement durable ». Il s’imaginait alors parcourir le monde, naviguer aux côtés de médecins et d’infirmiers à bord d’avions de liaison, intervenir dans des camps de réfugiés et vivre pleinement l’aventure humanitaire. Faute d’opportunités, il rejoignit finalement cette association locale. Moins palpitant que ce qu'il avait rêvé, mais une solution pratique : les locaux se trouvaient à dix minutes de chez lui.
Rony s’adapta rapidement à son poste. Ses missions correspondaient à ses valeurs d’altruisme et de générosité et il bénéficiait d’une certaine latitude dans la conduite des projets. La donne changea à l'arrivée de Nelly, une nouvelle collaboratrice. L'attitude de cette dernière, jeune femme dynamique et souriante, laissa rapidement Rony perplexe.
Peu de temps après son arrivée, un incident survint. L’équipe se préparait à une importante opération de distribution alimentaire lorsque Rony constata la disparition de plusieurs documents administratifs. La tension monta au sein de l’équipe et, devant l’urgence, deux des lieux de distribution planifiés durent être annulés. Le lendemain, Nelly, absente lors de l’opération, vint s’excuser. Elle expliqua avoir déposé les formulaires dans la mauvaise bannette. Pour Rony, l’explication parut fragile : au fond, il soupçonnait un acte de sabotage délibéré. Peu à peu, il eut l’impression que Nelly cherchait à prendre sa place et que certains collègues prenaient progressivement leurs distances vis-à-vis de lui.
Inquiet, il finit par alerter sa direction, évoquant notamment la multiplication des maladresses qui alourdissaient considérablement l’activité. "Mais enfin, Rony ?!"
Sa hiérarchie n'accorda que peu de crédit à ses propos, qualifiant même ses inquiétudes de « parano mal placée ». Elle ajouta, sur un ton que Rony jugea désinvolte : « Ça fait longtemps que tu es là, tout se passe bien… de quoi as-tu peur, franchement ?! »
Rony ressortit de cet entretien profondément déstabilisé. Au fil des jours, il perdit son légendaire enthousiasme ainsi que son implication. Il se rendait désormais au travail avec la « boule au ventre ». D'autant plus que les erreurs qu’il relevait sans cesse -innocentes ou non- entraînaient une surcharge de travail réelle. Cela lui occasionna rapidement un épuisement vécu qui plus est, dans la plus grande solitude.
Rony tiendra-t-il ? La suite au prochain numéro.
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